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Certes, la France a besoin du soutien de l’Egypte, pour co-piloter avec
elle, le projet sarkozyste d’Union pour la Méditerranée. En est-ce
assez pour soutenir la candidature, à la direction de l’UNESCO, d’un
personnage aussi ambigu que l’inamovible ministre de la Culture de
Hosni Moubarak ? Rappelons, à notre tour, que, dans le pays dont M.
Farouk Hosni est le ministre de la Culture, les films qui mettent en
question l’existence de Dieu sont interdits, le romancier le plus
populaire du pays, Alaa El Aswany, a attendu vingt ans la levée de la
censure qui pesait sur son premier livre et le révisionniste Roger
Garaudy est persona grata. Notre B-H L national, épaulé par Claude
Lanzmann et Elie Wiesel, a sonné la charge dans une tribune publiée par
Le Monde, en mai dernier. Il y recensait les propos antisémites tenus
par le candidat à la direction de l’UNESCO. Celui-ci est soutenu par la
Ligue Arabe, l’Organisation de la Conférence islamique et l’Union
africaine, qui pèsent dans les différentes enceintes internationales,
pour restreindre la liberté d’expression au nom de « la lutte contre la
diffamation des religions » et du « dialogue entre les cultures ».
L’Egypte appuyant de tout son poids cette candidature, l’intéressé a
fait amende honorable, en invitant le célèbre pianiste et chef
d’orchestre israélo-argentin et pro-palestinien Daniel Barenboïm à
l’Opéra du Caire. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, a
levé lui-même le veto de son pays sur cette candidature.
Reste que la vocation de l’UNESCO étant de favoriser le dialogue entre
les cultures et la liberté de la création, on peut se demander s’il est
bien opportun de la confier à l’un des dirigeants de premier plan d’un
pays où règne la censure religieuse la plus pudibonde.

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Malka Marcovich.
Historienne
Consultante internationale en droits humains et droits de la femme |
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Gérard Bapt.
Député PS de Haute Garonne |
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William Weessa.
Journaliste et écrivain égyptien |
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